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Réalisation (vue)
Article
2025-05-28
Allan Bedouet
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La ligne K du transilien, une ligne oubliée mais essentielle pour ses usagers
transilien, SNCF, usagers
Allan Bedouet, 28 mai 2025 (Article)

/pour la préservation de l’anonymat des enquêtés, leurs noms seront changés par des lettres : S, Y, O, T, C\


« Ah, il existe une ligne K ? Ah mais c’est une ligne que personne ne prend », ces mêmes propos reviennent régulièrement lorsque la ligne K est mentionnée et cela illustre une faible visibilité de cette ligne. Elle relie Paris-Nord à Crépy-en-Valois (Oise) et joue un rôle essentiel pour des milliers de personnes à travers le nord-est de l’Ile-de-France et du sud des Hauts-de-France. De plus, le nord-est de la Seine-et-Marne fait face à une croissance de sa démographie car secteur économique important avec la présence de l’aéroport Charles-de-Gaulle. C’est aussi un secteur qui attire en raison de la tranquillité tout en étant proche de la capitale. Les principales communes desservies par cette ligne sont : Mitry-Mory, Dammartin-en-Goële et Crépy-en-Valois. Pourtant, cette ligne reste peu desservie, critiqué et impacté par les nombreuses perturbations du RER B.


Cette enquête vise à comprendre comment les usagers de la ligne K du transilien qui font face à des obstacles quotidiens et ce que cela dit sur les limites du réseau actuel.


Comprendre et faire entendre les usagers 


Dans le but de mieux retranscrire le vécu des usagers, cette enquête combine trois approches : le questionnaire en ligne partagé sur les groupes d’usagers, des entretiens dans des gares (Paris-Nord, Dammartin-Juilly-Saint-Mard, Compans) et des observations en gare et sur les réseaux sociaux (notamment X, anciennement Twitter).


Le croisement de ces méthodes permet de montrer une cohérence entre les différents ressentis exprimés. Les réponses du questionnaire, les mots en face à face et les observations d’usagers, les mêmes ressentis reviennent : la frustration, l’attente, la colère, le sentiment d’abandon. Des mots positifs reviennent également comme l’attachement à cette ligne, montrant une appartenance au territoire ou encore le confort des rames. En combinant les quais déserts de certaines gares, les tweets d’internautes en colère lors des perturbations jugés répétitives, des travaux à n’en jamais finir, la ligne K est centrale dans le déplacement de ces usagers et pourtant elle ne répond pas tout à fait aux besoins actuels.


Une ligne appréciée des usagers mais insuffisante


Dans le cadre des entretiens réalisés en gare, les usagers apprécient certains éléments de la ligne comme les rames modernes et beaucoup plus confortables que celle du RER B et ses trajets directs vers Paris sont perçus comme rapides avec une ambiance calme, les usagers se sentent en sécurité. L’étudiante S qui étudie à Suresnes et visant à Othis en Seine-et-Marne raconte s’y sentir « plus en sécurité » avant de faire des comparaisons sur les « odeurs insupportables et l’insécurité » du RER B.


Même si quelques appréciations font surface, la grande majorité des ressentis sont négatifs, celui qui ressort le plus est : la faible fréquence des trains, plus particulièrement le soir ou le week-end. Y, étudiant vivant sur la commune de Saint-Pathus en Seine-et-Marne, raconte avoir manqué son train de quelques minutes suite à un retard sur sa ligne de bus avant d’attendre 1h30 son prochain train pour Paris dans la gare de Dammartin-Juilly-Saint-Mard en plein hiver. Son souhait est d’avoir une cadence au quart d’heure en heure de pointe et toutes les 30 minutes en heure creuse, pour ne plus « avoir à surveiller l’appli SNCF ». O, étudiante à Marne-la-Vallée, déplore aussi le manque de fréquence des trains et l’attente en gare du Nord « entre 30 et 60 minutes ». De plus, n’ayant pas de voiture, elle dépend de la ligne K et quand cette dernière ne circule pas, elle demande à ses proches de l’emmener à la gare de Mitry-Claye n’ayant pas de bus.


De faibles alternatives à la ligne K


La dépendance des usagers à cette ligne est importante et est beaucoup souligné dans les réponses du questionnaire. Ces territoires desservis par la ligne K possèdent très peu d’alternatives, voire aucun. Lors des perturbations, les usagers se retrouvent à faire la navette entre les bus pour récupérer la ligne P à Meaux ou un détour par l’aéroport Charles-de-Gaulle avec un temps de trajet dans certains cas doublé.


T, salarié résident à Compans préfère prendre le bus qui le dépose à Mitry-Claye et prendre le RER B qu’il juge plus lent jugeant la ligne K trop aléatoire et le bus beaucoup plus efficace. Selon lui, une amélioration de la fréquence des trains ne changerait pas les habitudes de voyages des usagers de Compans.


Cette enquête montre un sentiment d’abandon important. En effet, les usagers expriment leur colère envers la région Ile-de-France ainsi qu’à la SNCF qu’ils jugent peu investies sur la ligne. Ce sentiment d’abandon est partagé avec les usagers des branches nord du RER B et avec l’arrivée du Charles-de-Gaulle Express, cette crainte et ce sentiment se verront renforcés, laissant la ligne K au second plan lors des perturbations, car le CDG Express sera prioritaire et empruntera les voies de la ligne K.


Une ligne qui révèle des problèmes plus larges


En somme, la ligne K révèle un problème plus grand, celui des conditions de transports des usagers des transports en commun de grande couronne. La croissance des villes de grande couronne comme Dammartin-en-Goële n’est pas forcément accompagnée d’un renforcement de l’offre de transport. Les usagers de la ligne K subissent donc des retards, des suppressions et des travaux de longues durées dans le but de moderniser le RER B. Ils pointent aussi le RER B comme principal coupable à leurs problèmes.


La ligne K est nécessaire pour ses habitants, mais négligée en raison de sa faible fréquentation (environ 15 800 voyageurs en 2018). Elle permet à des territoires d’être proche de la capitale sans pour autant faire des longs trajets en bus pour rejoindre une autre gare plus fréquentée. Ses usagers sont très dépendants de cette ligne, cependant, entre la rentabilité de la ligne et l’amélioration des conditions de transports, il est compliqué de trouver un compromis.


Carte de synthèse : la ligne K du transilien, une ligne oubliée, mais essentielle pour ses usagers, notamment dans les secteurs de Dammartin-en-Goële et de Crépy-en-Valois


  Cette carte synthétise les usages de la ligne K du transilien en représentant la ligne, les communes de résidence et les principales gares desservies. Elle montre également les trajets de substitutions de quelques usagers en cas de perturbations, souvent plus longs et moins directs, illustrant la dépendance de certains territoires à cette ligne.

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