En effet, la première étape pour une réduction de l’impact environnemental serait de placer efficacement les data centers afin d’éviter de créer des zones saturées. Même si c’est une des conclusions actuelles, aux débuts de leur implantation cette question ne se posait pas. De nombreux data centers ont été placés à proximité les uns des autres et ont contribué à créer des secteurs totalement saturés. Une analyse spatiale basée sur la répartition actuelle des data centers peut contribuer à identifier les zones sous-exploitées et orienter les futures installations.
Dans la même idée, il serait préférable de placer les centres de données dans les régions riches en énergies renouvelables (éoliens, solaires…), afin de rapprocher les sources de production et de consommation d’énergie. Ce modèle existe déjà en France avec un « data center vert » appartenant à Orange près de Grenoble, qui fonctionne à l’aide du « natural cooling ». Il utilise l’eau des nappes souterraines du Drac pour un refroidissement naturel, minimisant ainsi son empreinte énergétique. C’est un exemple d’application, cette implantation ayant été pensée, étudiée et cartographiée en amont pour limiter l’impact environnemental du centre de données.
Le "data center vert" d'Eolas filiale d'Orange, près de Grenboble (Silicon.fr, 2011)
Regrouper les centres de données, dans des régions déjà bien équipées en énergie permettrait de réduire considérablement les pertes liées au transport de l’électricité. Dans cette logique, une cartographie des installations de fibre optique gagnerait à précéder le déploiement des infrastructures de données. Cette cartographie permet non seulement de réduire les coûts d’installation mais aussi d’éviter la duplication des réseaux existants. Plutôt que de créer à nouveau des installations assez énergivores, il faut reprendre et surtout capitaliser sur l’existant. Réutiliser les ressources disponibles permet de minimiser quelque peu l’impact environnemental.
Enfin, et même si cela semble une évidence, il est préférable de ne pas placer les data centers à proximité des zones naturelles sensibles comme les forêts, ou des zones très urbaines (Carnino et Marquet, 2018). En lisière de la forêt de Meudon (Hauts-de-Seine), un data center appartenant à Equinix pourrait potentiellement ouvrir prochainement, et soulève des grands débats. En plus des risques environnementaux (incendie et feu de forêt), on doit ajouter une surcharge des pylônes et donc des infrastructures d’approvisionnement énergétique dans une zone déjà saturée (Humeco, 2025). À cela, s’ajoute le fait que les émissions de chaleur renforcent l’effet d’îlots de chaleur urbain, qui peut aggraver considérablement les conditions de vie des résidents.
L’exemple de Meudon met sur la voie des possibles dégâts d’une mauvaise implantation des centres de données, et c’est en ce sens qu’une approche fondée sur la cartographie et une planification urbaine bien réfléchie prend tout son sens. Elle est à coupler avec d’autres actions internes ou externes aux data centers, mais elle doit être la première étape pour construire un numérique plus durable.
Projet de data center en bordure de la forêt de Meudon (MRAe, 2019)
Sources
ADEME (2025), "La face pas si cachée du numérique"
Bpifrance (2024), "Pollution des data centers : Comment réduire leur empreinte carbone ?"
CARNINO G., MARQUET C., 2018, « Les datacenters enfoncent le cloud : enjeux politiques et impacts environnementaux d’internet », Zilsel, 3, 1, p. 19‑62.
Humeco (2025), "Les data centers un péril environnemental peu connu"
